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Depuis près de 150 ans, de curieux fossiles ressemblant à des troncs d’arbres divisent les spécialistes. Des chercheurs américains affirment aujourd’hui qu’il s’agissait bien d’un champignon. Un champignon géant.
Les Prototaxites seraient au règne des mycètes –ou champignons- ce que les diplodocus ou baluchithèreq sont au monde animal : des géants disparus, témoins de l’existence passée d’organismes disproportionnés par rapport aux espèces actuelles. Imaginez plutôt : il y a quelque 400 millions d’années, alors que la vie sur la terre ferme était limitée à quelques invertébrés du genre mille-pattes, poussaient des champignons hauts de 6 mètres. C’est la thèse d’une équipe de chercheurs américains qui affirme que cet étrange organisme fossilisé appelé Prototaxites serait bien un champignon.
Depuis la première description des Prototaxites en 1859, ces fossiles du Dévonien demeurent mystérieux. Ils ont été mis au jour un peu partout sur la planète dans les couches géologiques du Dévonien (entre 400 et 350 millions d’années). Ils ressemblent à de longs troncs de 2 à 9 mètres de longueur, de plus d’un mètre de diamètre. Certains ont suggéré qu’il s’agissait d’anciens conifères, d’autres d’une algue, d’autres d’un champignon ou encore d’un lichen –qui est l’association d’un champignon et d’une algue photosynthétique.
C’est l’hypothèse du champignon géant qu’a défendue Francis Hueber, chercheur au Muséum national d’histoire naturelle de Washington (USA) dans un article publié en 2001. Pour conforter ses conclusions, basées sur la structure du fossile, Hueber et ses collègues ont mené une étude isotopique de Prototaxites trouvés au Canada, en Australie ou en Arabie Saoudite. Ils publient les résultats dans la revue Geology datée de mai 2007.
Chez les plantes, le carbone assimilé provient du CO2 présent dans l’air et les ratios d’isotopes 12 et 13 du carbone sont globalement les mêmes d’une plante à l’autre, expliquent les chercheurs. En revanche, chez les champignons, qui ne font pas de photosynthèse, ces rations sont variables et dépendent de leur nourriture (comme pour les animaux). Chez les Prototaxites, ces ratios isotopiques varient trop pour qu’il s’agisse de plantes, expliquent Hueber et ses collègues.
Cependant il manque une pièce à conviction que les chercheurs n’ont pas encore découvert chez les Prototaxites: la présence de spores, nécessaires à la reproduction des champignons.
source http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/