Salut
Le physicien français Pierre-Gilles de Gennes est décédé à l'âge de 75 ans. Normalien, professeur au collège de France, ce touche-à-tout de la physique avait reçu un prix Nobel en 1991 pour ses travaux sur les cristaux liquides.
Pierre-Gilles de Gennes avait commencé sa carrière sur le sujet très stimulant de la supraconductivité, un état de la matière où le courant électrique circule sans résistance. L'étude de l'ordre et du désordre dans ces matériaux le conduisit vers celle des cristaux liquides et des polymères, ce qui lui valu le prix Nobel de physique en 1991, vingt-et-un ans après le dernier français primé, Louis Néel.
De Gennes ouvrit alors la voie à un domaine d'étude nouveau, la matière molle, qui s'intéresse à des objets aussi communs que les plastiques, les tas de sables, les mousses, les spaghettis... Tous ces objets, baptisés dans un livre «les objets fragiles» ont des propriétés empruntées aux liquides et aux solides. Leur apparente banalité a néanmoins trouvé des applications dans l'industrie, pour la réalisation de nouveaux revêtements par exemple, ou bien en biologie pour la compréhension des protéines.
De 1976 à 2002, Pierre-Gilles de Gennes dirigea l'Ecole Supérieure de Chimie industrielle de la Ville de Paris, une école d'ingénieur très tournée vers la valorisation où oeuvrèrent notamment Pierre et Marie Curie ainsi qu'un autre prix Nobel, Georges Charpak. Dernièrement, le physicien travaillait sur l’adhésion cellulaire et les fonctions cérébrales à l’Institut Curie.
Né en 1932, De Gennes est entré à l’Ecole Normale Supérieure en 1951. Il y bénéficia des enseignements d’Yves Rocard, d’Alfred Kastler (Prix Nobel en 1966) et de Pierre Aigrain, trois personnalités qui, d’après ses dires, l’ont marqué. De 1955 à 1959 il fut chercheur au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). En 1961, après un passage à Berkeley, en Californie, il commence à travailler à l’Université d’Orsay.
Ce savant était d'un enthousiasme communicatif, n'hésitant pas à ponctuer ses conférences de traits d'humour, de larges gestes voire d'expériences en direct. Son sens pratique très développé ainsi que son goût pour les petits objets lui ont souvent fait critiquer la « Big Science » des accélérateurs de particules et l'abstraction à outrance. Tout récemment, lors d'une conférence à l'institut Curie, il se considérait encore comme un "jeune étudiant" en exposant humblement et pédagogiquement ses idées originales sur le délicat problème de la mémoire dans le cerveau, "le problème scientifique majeur du 21ème siècle".
source http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/