Salut
Des bactéries aérobies vivent au ralenti dans une couche sédimentaire profonde de l’océan Pacifique depuis 86 millions d’années.
Respirer à 30 mètres de profondeur dans le sous-sol océanique : c’est ce que font des bactéries… depuis 86 millions d’années, selon Hans Røy, de l’Université d’Aarhus, au Danemark, et ses collègues microbiologistes, géophysiciens et océanographes.
Depuis plusieurs années, on savait que des communautés microbiennes vivent profondément enfouies dans les sédiments marins, mais les conditions de cette vie extrême restaient à préciser. Les scientifiques se sont intéressés aux sédiments du gyre du Pacifique Nord, une région au large du Mexique où les courants marins forment un gigantesque tourbillon. Ayant détecté de l’oxygène dans la couche sédimentaire d’un autre gyre lors d’une précédente expédition, ils espéraient retrouver des conditions similaires et confirmer leur hypothèse : l’existence de bactéries aérobies, c’est-à-dire utilisant de l’oxygène pour vivre, dans les profondeurs sédimentaires d’un gyre.
Ils ont prélevé des carottes sédimentaires de 28 mètres de long sur neuf sites – trois dans le gyre et six le long de l’Équateur, pour comparaison – et mesuré le long de ces carottes d’une part la distribution de bactéries et, d’autre part, celle de l’oxygène à l’aide de capteurs en forme d’aiguille. Les carottes du gyre contenaient bien des bactéries : environ 100 millions par centimètre cube à la surface de la couche sédimentaire, elles étaient encore 1 000 par centimètre cube 20 mètres plus bas. Et de l’oxygène était détecté jusqu’au bas de ces mêmes carottes, alors qu’il disparaissait après quelques centimètres dans celles prélevées le long de l’Équateur (comme c’est le cas en général dans le sous-sol océanique).
Par une modélisation, les scientifiques ont déterminé la vitesse de consommation en oxygène d’une bactérie en fonction de sa profondeur. Au-delà de 10 mètres, la consommation se stabilise. Elle est toutefois si lente qu’avec l’énergie fournie, une bactérie ne peut se reproduire, en se divisant, qu’en plusieurs milliers d’années (contre quelques heures dans des conditions normales).
Les sédiments situés à 28 mètres du fond marin – et donc les bactéries qu’ils contiennent – sont vieux de 86 millions d’années. Au fil du temps, ces bactéries ont adapté leur consommation d’oxygène aux quantités disponibles. Ont-elles atteint le minimum nécessaire à leur survie ? C’est ce que pensent les auteurs de l'étude.
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