Salut
Quelle que soit l'espèce concernée, et la région du globe où ils vivent, les arbres disposent que d'une marge de sécurité très faible face à la sécheresse : c'est ce que suggère une étude coordonnée par Brendan Choat, de l'université de Sydney ouest, en Australie, et Steven Jansen, de l'université d'Ulm, en Allemagne [1].
Différents travaux avaient déjà montré que, dans leur milieu naturel, certains arbres peuvent transpirer avec une intensité telle que leur vie est en danger. Le mécanisme incriminé est connu. Pour réaliser la photosynthèse, les arbres exsudent de grandes quantités d'eau par les pores - ou stomates - de leurs feuilles. Cette transpiration crée un effet de succion grâce auquel l'eau absorbée par les racines monte vers le sommet de l'arbre, par les vaisseaux du bois. Plus il fait chaud, plus l'arbre transpire, et plus l'effet de succion exercée sur la sève se renforce.
Au-delà d'un certain seuil, cependant, il y a risque d'embolie : des bulles d'air apparaissent dans les vaisseaux, ce qui bloque la circulation de la sève. Si ces bulles sont trop nombreuses, l'arbre se dessèche, puis meurt. Ce seuil est une donnée propre à chaque espèce, mesurable au laboratoire.
Succion maximale
À quel point offre-t-il une marge de sécurité suffisante pour faire face aux épisodes de sécheresse ? Pour le savoir, l'équipe conduite par Brendan Choat et Steven Jansen a créé une base de données regroupant toutes les informations disponibles - publiées ou non - relatives à la vulnérabilité des arbres à l'embolie. Elle y a recensé, d'une part, la valeur de succion maximale atteinte à l'heure actuelle en milieu naturel. Et d'autre part, la valeur seuil au-delà de laquelle se déclenche l'embolie en laboratoire.Puis elle a comparé ces deux valeurs pour 226 espèces réparties sur 81 sites dans le monde. La différence entre les deux représente la marge de sécurité de l'arbre face au risque d'embolie. Elle a alors découvert que 70 % des espèces testées, majoritairement des feuillus, ont aujourd'hui une marge de sécurité très faible, et cela, quel que soit le type d'écosystème où ils vivent : aride, tempéré ou tropical.
Les scénarios climatiques prévoyant une augmentation de la fréquence et de l'intensité des épisodes de sécheresse, faut-il craindre une recrudescence d'épisodes de mortalité dus à des embolies massives ? « Les arbres disposent de plusieurs moyens d'éviter l'embolie, commente Erwin Dreyer, spécialiste d'écophysiologie des arbres forestiers à l'INRA de Nancy. Entre autres, fermer leurs stomates afin de limiter la transpiration, ou augmenter leur capacité d'enracinement pour prélever plus d'eau dans le sol. Mais si les sécheresses accidentelles se multiplient à l'avenir, alors ces mécanismes pourraient ne pas suffire. »
Dans l'immédiat, les résultats obtenus vont pouvoir être inclus dans des modèles visant à mieux prévoir la mortalité de telle ou telle espèce, et l'expansion ou le dépérissement de telle ou telle forêt. Ils permettront aussi d'identifier les espèces les plus susceptibles de résister et les plus fragiles.
http://www.larecherche.fr/actualite/vie/arbres-a-limite-leur-resistance-au-dessechement-01-02-2013-97510
Mer 6 Fév - 15:11