Salut
Le mystère de la pyramide de Khéops, l’étonnant destin d’Akhénaton, l’énigmatique Sphinx… Le nouveau Hors-Série de Sciences et Avenir propose une plongée dans 3.000 ans d’histoire bourrés d’énigmes. Pour commencer le périple, un entretien avec le grand chef de l’égyptologie, le patron de cet immense chantier de fouilles, Zahi Hawass.
Zahi Hawass est le secrétaire général du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, qui a la haute main sur l’archéologie en Egypte. Il a reçu nos journalistes dans son bureau du Caire.
Parmi tous les mystères de l’Egypte ancienne, lequel aimeriez-vous voir résoudre en priorité?
Zahi Hawass : Sans hésiter, celui de la Grande Pyramide. Je pense que la chambre secrète du pharaon Khéops s’y trouve encore cachée. Pour tenter de la découvrir, nous avons lancé, ces dix dernières années, plusieurs campagnes d’exploration au cœur de l’édifice, en particulier dans les deux conduits dits « d’aération » de la chambre de la reine, qui intriguent les chercheurs depuis toujours.
Comment résoudre cette énigme?
En 2002, avec Pyramid Rover, un robot financé par la Société du National Geographic, j’ai à nouveau prospecté ce conduit, percé un trou et glissé une fibre optique à travers la porte, pour découvrir qu’il en existait une seconde derrière la première. Enfin, en parcourant le couloir nord, après la courbure, nous sommes tombés sur une troisième porte.
Tous ces indices m’ont amené, depuis 2002, à demander à des équipes de Singapour, de Hong Kong et du Royaume-Uni de concevoir un nouveau robot. J’ai fait construire un tunnel dans le désert afin qu’elles me montrent l’efficacité de leurs prototypes. Et finalement, j’ai choisi l’équipe de l’université de Leeds, en Grande-Bretagne, associée à celle de Hong Kong. Nous nous préparons à percer le mystère de la Grande Pyramide. Cela aura lieu en 2011.
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Vous avez livré il y a quelques mois les résultats d’une grande étude génétique sur Toutankhamon. Toutes les questions sont-elles aujourd’hui levées autour de sa filiation?
Nous avons pu prouver qu’Akhenaton (1350-1333) était bien le père du jeune pharaon, que les deux fœtus découverts dans sa sépulture étaient ses filles, et nous l’avons relié à son grand-père Amenhotep III, sa grand-mère Tiyi et ses arrière-grands parents, Youya et Touya (lire Sciences et Avenir, avril 2010). Mais il demeure deux grandes énigmes : il nous manque la momie d’Ankhésenamon, son épouse, et celle de Néfertiti. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec deux momies « suspectes » : l’une sans tête, l’une avec une tête. Nous pensons que celle sans tête pourrait être Ankhésenamon. Et l’autre, Néfertiti. Hypothèse que nous sommes en train de vérifier […].
Les tombes cachées, les trésors... N’est-il pas, du coup, difficile de promouvoir des recherches plus complexes?
Mais nous travaillons aussi sur des sujets moins spectaculaires ! Nous avons récemment tranché un vieux débat : non, les hommes qui travaillaient à la construction des pyramides n’étaient pas des esclaves. Nous avons mis au jour, au début de l’année, des tombes d’ouvriers ayant bâti les pyramides de Khéops et de Khéphren, sur le plateau de Gizeh. Leur proximité avec les sépultures royales et le soin apporté à leur inhumation montrent avec évidence que leur statut était celui d’hommes libres. Il n’y a pas de trésor dans les tombes des ouvriers, mais elles nous apportent une quantité d’informations qui éclairent un aspect important de la civilisation égyptienne! […]
L’Egypte attire aujourd’hui un tourisme de masse. N’êtes-vous pas inquiets pour les sites archéologiques?
J’envisage la création d’une Vallée des Répliques à Louxor, à l’image de ce qui a été fait en France pour la grotte de Lascaux. Elle abriterait trois tombes, parmi les plus belles et les plus prestigieuses du Nouvel Empire : celles de Séthi Ier, de Néfertari, l’épouse de Ramsès II, et de Toutankhamon. Nous devons sauver les sépultures de la Vallée des Rois: les niveaux d’humidité et de moisissures augmentent sans cesse à cause du nombre important de visiteurs, et les décors, très fragiles, risquent de disparaître dans moins de cent ans si elles ne sont pas définitivement protégées.
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Propos recueillis par Bernadette Arnaud et Aline Kiner
Hors série Sciences et Avenir janvier/février 2011
http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/archeo-paleo/20101223.OBS5223/egypte-3-000-ans-d-enigmes.html
Ven 24 Déc - 10:46