Salut
Juin 1986, 25 m sous le plateau calcaire de la région de Dobrogea, au bord de la mer Noire, sud-est de la Roumanie.
Cristian Lascu, spéléologue roumain en mission de sondage en vue de la construction d'une centrale électrique (dont l'endroit fut désigné du doigt par Nicolae Ceaucescu au cours d'un survol en hélicoptère), découvre par hasard la grotte de Movile pendant une journée de repos et observe sa faune sans encore savoir qu'il observe des rescapés coupés du monde extérieur depuis la préhistoire. Un mois plus tard, il revient avec des biologistes, mais faute de financement, il faudra attendre la chute de Ceaucescu et l'ouverture de la Roumanie en 1990 pour que les recherches démarrent vraiment.
Atmosphère de la grotte : nauséabonde, chargée d'hydrogène sulfuré (H2S, très pauvre en oxygène (1 à 5% environ, contre 21% à la surface), présence d'azote et de méthane.
Chaîne alimentaire de l'écosystème : il repose sur l'oxydation de l'hydrogène sulfureux contenu dans l'eau par des bactéries autotrophes qui produisent ainsi de l'énergie. Ce combustible est brûlé par des bactéries hétérotrophes, qui fabriquent de la matière organique. Cette dernière est alors consommée par les filaments mycéliens qui emprisonnent la population bactérienne à la surface du lac : c'est le voile bactérien.
Les consommateurs primaires aquatiques (copépodes, rotifères) "broutent" cette assise nutritive gélatineuse.
Plus bas, on trouve les consommateurs secondaires aquatiques (protozoaires ciliés, nématodes aquatiques) qui se nourrissent de leurs congénères de l'étage supérieur.
La même chaîne nutritive se retrouve sur la bordure littorale de la grotte, là où le voile bactérien empiète sur la roche calcaire. Sur cette bordure les consommateurs primaires (gastéropodes, isopodes, niphargus) servent de proie à des consommateurs secondaires (sangsues, nèpes).
Idem sur la terre ferme. Les consommateurs primaires (acariens, collemboles, symphiles, isopodes) viennent se nourrir sur le voile bactérien. Les consommateurs secondaires terrestres (araignées, pseudoscorpions) descendent aussi sur ce gel nutritif pour se nourrir des consommateurs primaires aquatiques et terrestres.