Salut
A Durban, où se tenait la 17ème Conférence des Nations Unies sur le climat, le pire a été évité : un compromis a été signé dimanche matin. Cependant l’avenir du protocole de Kyoto reste incertain et rien ne répond à l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique.
Le sommet de Durban qui devait se clore vendredi 9 décembre au soir s’est prolongé jusqu’au petit matin du 11 décembre. A l’issue de 36 heures de prolongations, les délégués ont fini par accepter un texte qui évite d’enterrer le protocole de Kyoto [lire Y aura-t-il un après Kyoto à Noël?]. Sans pour autant garantir son avenir.
Un accord modeste
La première phase du protocole de Kyoto, qui contient des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour certains pays, s’achève fin 2012. L’Union européenne a bataillé pendant la conférence de Durban pour qu’un autre accord légalement contraignant soit signé. Mais il ne peut pas se faire sans les pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, qui sont réticents ou franchement hostiles à de tels engagements tant que les pays développés ne sont pas eux mêmes capables de s’engager. Or les États-Unis n’ont jamais ratifié l’accord de Kyoto et ne sont pas en faveur d’un accord contraignant. Le Japon et le Canada ne demandent eux qu’à sortir du protocole signé en 1997…
Dimanche matin, c’est un «accord modeste» qui finalement a été obtenu, «un accord qui n’est pas à la hauteur des enjeux des changements climatiques», commente Emmanuel Guérin, de l’Institut pour le développement durable et les relations internationales (Iddri). Le compromis de Durban prévoit l’adoption en 2015 d’un futur accord – qui entrera en vigueur en 2020- dont la nature juridique reste à discuter.
Contours flous pour le futur accord
Au cours de la dernière nuit de négociations l’UE s’est battue contre l’Inde pour que le texte ne se limite pas à une formule trop vague, relate le directeur du programme climat de l’Iddri. Les formules retenues dans la Plateforme de Durban demeurent cependant floues: le futur protocole pourra être «un nouvel instrument légal» («another legal instrument») ou encore une sorte de «solution négociée contraignante» : il est difficile de traduire la formule d’origine : «agreed outcome with legal force».
«Au-delà de l’exégèse des mots du texte, qui n’est pas très claire, il faut tenir compte de la compréhension politique, analyse Emmanuel Guérin. Or la nécessité d’un accord global juridiquement contraignant a progressé ».
Pas de discussion sur les chiffres
Autre point important des discussions : le Fonds vert pour le climat, destiné à aider les pays en développement à s’adapter au réchauffement climatique. Il a été officiellement constitué et lancé à Durban mais aucun accord sur les sources de financements n’a été conclu. Les premiers financements doivent pourtant être débloqués en 2013.
C’est surtout et essentiellement la forme qui a été discutée à Durban, au cours de deux semaines de négociations «très pointilleuses», au détriment du fond, regrette Emmanuel Guérin.
La limite à ne pas franchir des 2°C de hausse de température (par rapport à l’ère préindustrielle) était le leitmotiv du sommet de Copenhague en 2009, qui n’a pas été à la hauteur des attentes. L’accord de Cancún en a fait un objectif politique mais la discussion sur les réductions chiffrées des réductions d’émissions de GES a été reportée à plus tard.
«Il y a là une incohérence fondamentale» relève Emmanuel Guérin. «Nous ne sommes pas sur la trajectoire qui permet de limiter la hausse à 2°C. Les chiffres seront de nouveau sérieusement discutés en 2015, après la remise du 5ème rapport du Giec. Cependant on en connait déjà globalement la teneur, il ne sera pas possible de jouer la surprise en 2015, alors qu’il sera déjà tard pour agir!»
http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20111212.OBS6516/climat-durban-trace-un-chemin-incertain-pour-l-apres-kyoto.html