Salut
La combinaison de deux médicaments pourrait réduire les symptômes d’une irradiation sévère même s’ils sont administrés vingt-quatre heures après l’exposition.
Les solutions en cas d’irradiation sévère (encore appelée maladie des rayons) ne sont pas nombreuses et elles doivent être mises en œuvre dans les plus brefs délais pour être efficaces, ce qui peut s’avérer compliqué en cas d’accident nucléaire comme à Fukushima ou Tchernobyl. Les victimes, selon la dose reçue, ressentent différents troubles allant des nausées ou vomissements jusqu’à des hémorragies sévères, des infections et la mort dans les cas les plus graves.
Dans un article publié dans Science Translational Medicine, des chercheurs américains rapportent les effets bénéfiques, chez la souris, d'une combinaison d’un antibiotique et d’une protéine antibactérienne. 80% des souris qui ont reçu les deux substances, une journée après avoir été exposées à des doses de 7 Grays (1), ont survécu alors qu’habituellement 95% d’entre elles meurent dans le mois suivant. «Ces deux médicaments ont déjà été testés chez l’Homme et ils ont démontré leur innocuité. Notre étude indique qu’ils pourraient être aussi bénéfiques chez les humains que chez les souris» explique Ofer Levy, une des auteurs de l’article.
Une protection contre l’inflammation et l’infection
Dans la maladie des rayons, deux aspects sont à redouter: les troubles hématologiques liés à des lésions de la moelle osseuse et les phénomènes infectieux et inflammatoires. Ces derniers sont consécutifs à la fragilisation des barrières de l’organisme (la peau et les muqueuses intestinales) qui vont devenir perméables aux bactéries et toxines. Lorsque des bactéries pénètrent dans le sang, dans des conditions normales, le système immunitaire du corps réagit en envoyant des globules blancs neutrophiles pour détruire les intrus. Les neutrophiles libèrent une charge de BPI, protéines qui s’agglutinent à la surface des bactéries. Ce phénomène permet non seulement de tuer les bactéries mais aussi de limiter l'inflammation causée par les débris bactériens, ce que les antibiotiques conventionnels ne font pas.
Quand une personne est exposée à des niveaux élevés de radiation, sa capacité à générer des neutrophiles est presque nulle : « les rayons projettent les bactéries et les endotoxines dans la circulation sanguine alors que les défenses de l’organisme sont réduites » remarque Eva Guinan, principale auteure. L’utilisation des antibiotiques et de la BPI permet de lutter contre ce phénomène avec efficacité. Les souris qui ont reçu les deux agents avaient non seulement des taux de survie beaucoup plus élevés que les autres, mais leur capacité à générer de nouvelles cellules sanguines a aussi récupéré beaucoup plus rapidement.
Une technique inspirée des greffés
L'utilisation de de la BPI a été inspiré par les données médicales provenant de patients cancéreux dont l’état clinique est similaire aux personnes irradiées. Par exemple ceux souffrant de leucémie et ceux qui sont traités par radiothérapie. «Nous avons mesuré les niveaux de BPI chez ces patients et constaté qu'ils étaient déficients en BPI tout en ayant également des endotoxines bactériennes dans leur sang», affirme Ofer Levy. «Ces observations ont conduit à l'hypothèse que la reconstitution du taux de BPI pourrait diminuer la toxicité des radiations. Ce résultat est une nouvelle stratégie prometteuse pour répondre à un événement nucléaire» conclut-il.
http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20120103.OBS7930/un-traitement-pour-les-irradiations-les-plus-severes.html