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Grâce à des observations d’une grande précision, des chercheurs ont pu mesurer l’effet de la lumière du Soleil sur la vitesse de rotation des astéroïdes. Les radiations solaires absorbées puis émises par l’astéroïde accélèrent sa vitesse de rotation sur lui-même. Ces travaux, publiés cette semaine par les revues Nature et Science, confirment l’importance de l’effet YORP sur la course des astéroïdes.
Si les gros astéroïdes ont une vitesse de rotation assez prévisible, les plus petits –dont le diamètre est inférieur à 10 km- ont des vitesses de rotation très disparates. Les astrophysiciens soupçonnent depuis longtemps la lumière du Soleil d’être derrière cette hétérogénéité, via l’effet YORP, du nom de quatre physiciens (Yarkovsky-O'Keefe-Radzievskii-Paddack). L’observation de deux astéroïdes, 2000 PH5 et 1862 Apollo, permet pour la première fois de vérifier cette théorie expérimentalement.
Lorsque la surface de l’astéroïde qui a été éclairée par le Soleil passe dans l’ombre, elle émet les photons qu’elle a absorbé. Cette radiation repousse très légèrement la surface, comme un très faible propulseur. Sur un objet parfaitement symétrique, cela n’a pas d’impact. Mais sur un objet irrégulier comme un astéroïde, ces forces exercées à différents endroits peuvent entraîner un moment de torsion, ou torque, qui modifie la rotation de l’objet sur lui-même.
Ces forces étant très faibles, il est difficile de détecter leurs effets. Trois équipes ont donc mobilisé les meilleurs observatoires terrestres du monde, au Chili, à Hawaii, aux Canaries ou à Puerto Rico, combinant les techniques optiques et radar, pour étudier deux astéroïdes de petite taille.
L’équipe de Stephen Lowry (Queens University Belfast, GB) et de Patrick Taylor (Cornell Univ., USA) ont concentré leurs efforts pendant quatre ans sur 2000 PH5, astéroïde de 114 mètres de diamètre qui tourne sur lui-même rapidement en seulement 12 minutes. Les chercheurs ont calculé que la durée de son orbite raccourcissait de 1 milliseconde par an. Leurs résultats sont publiés cette semaine dans Science Express.
De son côté, l’équipe de Mikko Kaasalainen (Université d’Helsinki, Finlande) a étudié l’astéroïde 1862 Apollo, de 1,4 km de diamètre, qui tourne sur lui-même en trois heures. Sa vitesse de rotation augmente lentement mais sûrement, expliquent Kaasalainen et ses collègues dans l’édition électronique avancée (AOP) de Nature. Sa période perd en effet 4 millisecondes par an. C’est dire si les observations et les calculs doivent être précis.
Ces accélérations subies par l’astéroïde peuvent remodeler sa forme. Les torsions peuvent même provoquer des ruptures, expliquent les chercheurs, ce qui expliquerait pas exemple la présence d’une petite lune autour de 1862 Apollo. En mesurant l’effet YORP sur les astéroïdes, les chercheurs espèrent prévoir plus précisément leur course et le risque de voir certains objets s’approcher dangereusement de la Terre.
source http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/