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A quelques jours de l’ouverture d’une nouvelle session de la Convention sur le commerce des espèces menacées, des chercheurs mettent en garde contre les effets pervers de certaines mesures de protection.
Promulguer une interdiction totale de vente pour une espèce menacée de disparition peut accroître la pression sur cette espèce, avertissent des chercheurs dans la revue Nature publiée aujourd’hui. Entre le moment où le moratoire est décidé et le moment où il est appliqué, les volumes vendus ont tendance à brutalement augmenter, ont calculé Philippe Rivalan (Université Paris-sud, Orsay) et ses collègues.
La Convention internationale sur le commerce des espèces menacées (CITES) classe les espèces dans trois Annexes en fonction de la gravité de la situation. L’Annexe I regroupe les espèces animales ou végétales les plus fragiles (800 actuellement recensées) pour lesquelles tout commerce est interdit. Pour les 32.500 espèces de l’Annexe II le commerce est réglementé. Se pose parfois la question du passage d’une espèce de l’Annexe II à l’Annexe I qui entraîne la fin du commerce.
Il s’écoule 240 à 420 jours entre la décision et l’entrée en vigueur de l’interdiction totale, précisent les chercheurs français et britanniques. Etudiant plusieurs cas d’espèces animales ainsi "surclassées" entre 1980 et 2003, Rivalan et ses collègues ont constaté que les volumes vendus augmentaient brutalement un an avant l’interdiction. En moyenne, cette hausse est de 135% par rapport aux volumes des années précédentes.
Reste à mesurer précisément l’effet de cette hausse sur les effectifs des populations sauvages. Certaines proportions sont inquiétantes, soulignent les chercheurs. Ainsi 2.800 tortue de Kleinmann ont été vendues avant l’interdiction totale, soit la moitié de la population adulte restante estimée.
Du 3 au 15 juin va se dérouler la 14ème session de la CITES à La Haye, aux Pays-Bas. Deux espèces sont susceptibles de passer de l’Annexe II à l’Annexe I, dont un lézard du Guatemala pour lequel il ne reste que 170 à 250 individus à l’état sauvage.
source http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/