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Les émissions de carbone engendrées par les activités humaines ne sont pas seulement responsables du réchauffement du globe, elles sont également en train de modifier profondément la chimie des océans. Cela pourrait bientôt être fatal aux récifs coralliens, qui sont des havres pour la diversité biologique marine et soutiennent l'économie de nombreuses communautés côtières. Des scientifiques, de l’institut Carnegie, ont calculé que si les émissions de dioxyde de carbone se maintenaient à leur niveau actuel la quasi-totalité des territoires coralliens seraient plongés dans une eau bien trop acide pour permettre la croissance et le renouvellement de ces derniers. L’une des premières victimes sera l’Australie et sa grande barrière de corail qui représente actuellement la plus grande structure organique du monde.
Le corail est un animal microscopique se construisant tout au long de sa vie une carapace qui, cumulée avec celle de ses millions de congénères, forme un récif corallien. Cependant, le corail seul ne pourrait pas vivre. Il fonctionne en symbiose avec un végétal microscopique : la zooxanthelle dans les mers chaudes et le plancton dans les mers froides. Pour assurer le développement de leur squelette les coraux ont besoin de « briques », ce sont les carbonates et particulièrement l’aragonite. Malheureusement l’acidification des océans fait que ces minéraux se dissolvent plus facilement dans l’eau de mer privant les coraux (et les autres organismes marins à squelettes) de ressources leur permettant d’assurer leur croissance.
L’acidification des océans est un phénomène connu mais encore peu pris en compte notamment dans le grand public qui reçoit des informations évoquant principalement le réchauffement climatique. Pourtant les mêmes causes sont à l’origine du phénomène. C’est effectivement les rejets de gaz carbonique qui sont responsables de la diminution du pH marin. En fait, près d’un tiers des émissions de CO2 sont captés par les océans où elles sont transformées en acide carbonique. Selon les auteurs, qui publient ce jour dans la revue Science, si les niveaux atmosphériques de dioxyde de carbone (environ 380 partie par millions actuellement) continuent d’augmenter comme les experts le prévoit jusqu’à 550 ppm, l’acidité de l’eau sera fatale aux coraux.
Encore plus inquiétant, il semble bien que les mesures, insuffisantes, prises pour tenter de diminuer les rejets de carbone et la hausse des températures n’auront qu’un impact dérisoire sur la chimie des océans. Pour vraiment ralentir l’acidification il faudrait prendre des décisions bien plus restrictives et radicales, ce qui n’est pas envisageable à brève échéance vu la difficulté qu’à la communauté internationale à s’accorder. La conférence de Bali qui se termine aujourd’hui sur un échec cuisant en est un exemple criant. A cela s’ajoute d’autres difficultés propres aux coraux : surpêche, tourisme et autres pollutions biochimiques. Tous ces facteurs réunis laissent que peu d’espoir pour la survie des coraux, selon les auteurs ils pourraient disparaître de la planète avant même la fin de ce siècle…
source http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/