Salut
En Avril 2012 une météorite carbonée a été récupérée en Californie deux jours après sa chute grâce à l'observation de sa fin de parcours par un radar météorologique, alors que la trajectoire du bolide visible jusqu’à 30 km d’altitude (en orange) indiquait un autre point de chute, du fait du vent. Une équipe internationale principalement américaine publie un article dans Science cette semaine présentant les caractéristiques extraordinaires de cette chute. D'un objet de 40 tonnes arrivant de l'extérieur de la ceinture d'astéroïdes (à proximité de Jupiter) à près de 30 km/s, il n'est resté que moins d'un kg récupéré au sol en une centaine de fragments de 1 à 200 grammes, près du site historique de la ruée vers l’or, Sutter's Mill, qui a donné son nom à la météorite.
La caractérisation de cet objet révèle un matériel hydraté et oxydé, ayant subi une histoire très complexe à la surface d'un corps parent, peut-être intermédiaire entre astéroïde et comète. Les impacts multiples à la surface de cet objet ont produit un mélange de matériaux en provenance de différents corps parents et ayant subi un chauffage très variable. La lithologie principale, poreuse, hydratée et riche en carbonates, a pu être fortement deshydratée par ce chauffage. L'étude magnétique de Sutter's Mill, réalisée au CEREGE (CNRS, Université Aix-Marseille) à Aix en Provence, révèle cette importante hétérogénéité, et un champ magnétique très faible régnant lors de sa formation. Malgré la relativement faible teneur en matière organique de nombreuses molécules complexes ont été détectées avec la participation de l’ENSCMu (Université de Mulhouse). La recherche sur cet objet ne fait que commencer, en particulier sur l’effet thermique de l’entrée atmosphérique.
Cette étude nous procure un avant goût des découvertes attendues des trois missions vers des astéroïdes primitifs prévues par les agences spatiales américaine, européenne et japonaise, avec retour d'échantillons dans les année 2020. Elle démontre aussi l'intérêt de moyens nouveaux et proactifs de détection des chutes de météorite. Un réseau de détection dédié aux météorites commence d'ailleurs à être installé en France sous la responsabilité de l'Observatoire de Paris (projet FRIPON).
http://www.insu.cnrs.fr/node/4093