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Deux espèces de moules perlières d’eau douce sont menacées d’extinction, notamment la grande mulette qui n’existe quasiment plus qu’en France. Un plan de sauvetage est lancé.
L’une vit en amont dans les eaux claires des rivières, l’autre en aval des grands fleuves: la mulette perlière et la grande mulette sont deux espèces de moules autrefois répandues, aujourd’hui en danger critique d’extinction. La grande mulette est la plus menacée: 80% de sa population totale se trouve en France. Un plan d’action est lancé pour éviter l’extinction de cette grand-mère des rivières qui vit jusqu’à 150 ans.
Premier axe de ce plan: mieux connaître la grande mulette (Margaritifera auricularia). Une population insoupçonnée d’au moins 20.000 individus a été recensée ces deux dernières années dans la Charente. Une découverte de taille sachant que cette moule autrefois répandue en Europe de l’Ouest, du Danemark à l’Italie, ne subsiste plus que dans l’Ebre en Espagne (où il y en aurait quelques milliers), et dans quatre fleuves en France (Vienne, Oise, Creuse et Charente).
La première cause de la disparition de la grande mulette serait une autre disparition, celle de l’esturgeon d’Europe, explique Vincent Prié, du cabinet Biotope. En effet, une fois lâchées dans la nature par la femelle, les larves de Margaritifera auricularia vont se loger dans les branchies de cet esturgeon. C’est le poisson-hôte de l’espèce. Malheureusement pour la grande mulette, il a été victime de la pêche et des barrages, qui l’empêchent de remonter les rivières. Dans la Charente, la population de mulette est vieillissante et ne se reproduit plus.
La grande mulette a par ailleurs été pêchée pour faire des boutons de nacre. Elle souffre aussi de la dégradation de la qualité des eaux mais moins que la mulette perlière (Margaritifera margaritifera). Cette dernière est très sensible à la concentration de nitrates. «A partir de 1,6 mg de nitrates par litre d’eau, la mulette perlière ne se reproduit plus, souligne Vincent Prié, alors que les normes actuelles considère qu’un cours d’eau est en bon état écologique à 50 mg par litre et pour l’eau potable le seuil est de 25 mg par litre!».
La situation de la mulette perlière n’est cependant pas aussi alarmante car elle subsiste ailleurs qu’en France et qu’en Europe, y compris aux États-Unis et en Russie.
Le plan de sauvetage de la grande mulette prévoit aussi des études sur sa reproduction. «Nous allons tenter une reproduction in vitro avec un poisson-hôte de substitution» précise le biologiste de Biotope. Dans un second temps, il faudra proposer des actions et trouver les financements.
source http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/nature/20100108.OBS3121/au_secours_de_la_grande_mulette.html