Salut
L'alimentation des abeilles est importante pour leur santé: elles gagnent à varier les fleurs qu'elles butinent, montre une étude.
Mangez le pollen d’au moins cinq fleurs par jour… S’il existait une autorité sanitaire pour les abeilles, elle pourrait concevoir une campagne basée sur un tel slogan! Des chercheurs de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), basés à Avignon, ont en effet constaté qu’un régime alimentaire varié était associé à un système immunitaire plus robuste chez les abeilles.
L’équipe de Cédric Alaux a comparé la santé de plusieurs colonies de 80 abeilles, nourries avec des préparations différentes, plus ou moins riches en protéines, avec du pollen issu d’une seule fleur ou de plusieurs fleurs. En mesurant cinq marqueurs importants du système immunitaire, les chercheurs ont constaté au bout de quelques jours que les abeilles qui avaient le régime le plus varié, avec un mélange de pollen, avait aussi un taux plus élevé d’une enzyme (la glucose oxidase) qui sert à stériliser la nourriture destinée aux larves. Cette enzyme est donc importante pour l’immunité de toute la ruche.
La spécialisation du menu des abeilles pourrait dont être une des causes de l’affaiblissement des colonies. Les scientifiques mènent des recherches sur plusieurs fronts pour comprendre le mal qui affecte les abeilles en Europe ou en Amérique du Nord (comme le CCD, colony colapse disorder).
Une autre étude menée par l’équipe d’Avignon montre à quel point identifier les causes de ces problèmes est complexe. Le rôle des insecticides utilisés dans l’agriculture est dénoncé par les apiculteurs mais les études ne sont pas forcément concluantes. Cédric Alaux, Yves le Conte et leurs collègues viennent de montrer que l’action combinée de l’imidaclopride (présent dans l’insecticide Gaucho) et d’un champignon parasitaire (Nosema) affaiblissait les abeilles.
Les chercheurs ont constaté que le taux de glucose oxydase était plus faible dans les colonies infectés par Nosema et exposées à l’imidaclopride, que dans les colonies exposées seulement à l’un des deux.
Avec la plantation de plantes butinées par les abeilles le long des routes françaises, les chercheurs pourront vérifier leurs résultats à grande échelle. Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, le ministère de l’écologie a en effet décidé de semer des fleurs le long de 250 km de routes au printemps prochain. A terme, l’expérimentation doit s’étendre à 12.000 km de routes, afin de lutter contre le dépérissement et l’affaiblissement des abeilles.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/vivant/20100122.OBS4517/bouquet_garni_pour_les_abeilles.html