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De profonds changements attendent l’agence spatiale américaine dans le domaine des vols spatiaux. Après 50 ans de mainmise sur les vols habités, elle doit faire une place croissante aux acteurs commerciaux.
Charles Bolden, l’ancien astronaute nommé par Barak Obama à la tête de la Nasa, a détaillé lundi les nouvelles orientations données à l’agence spatiale américaine. Parmi les grandes lignes: des missions robotiques pour préparer l’exploration de l’espace par l’Homme, le développement du transport spatial privé, l’abandon du programme Constellation de retour sur la Lune d’ici 2020. Par ailleurs plus de moyens sont alloués à l’étude et à l’observation de la Terre, notamment pour mieux comprendre le climat.
La station spatiale internationale: elle reste en service jusqu’en 2020 (au moins), ce qui était le souhait des partenaires des Etats-Unis. Un budget de 600 millions de dollars est alloué pour les cinq derniers vols des navettes spatiales vers l’ISS. Ces vols doivent s’arrêter à la fin 2010 –au plus tard début 2011 en cas de retard pris dans le calendrier. La prochaine mission, à bord de la navette Endeavour, doit partir dimanche prochain, le 7 février. Elle emporte le module Tranquility avec la coupole aux sept fenêtres qui offrira un poste d’observation inédit aux astronautes.
L’abandon du programme Constellation: très coûteux, basé sur des technologies anciennes, ce programme qui prévoyait le retour des astronautes sur la Lune en 2020 était sur la sellette. Le rapport de la commission Augustine commandé par Obama demandait son abandon. Les experts avaient conclu que le lanceur lourd Ares V nécessaire au programme ne serait pas prêt avant 2028 ou 2030, trop longtemps après la fin des navettes, et que les budgets étaient insuffisants pour mettre au point l’alunisseur Altair.
La Nasa prévoit de dépenser 2,5 milliards de dollars sur deux ans pour mettre fin à ce programme qui a déjà coûté 9 milliards. Des investissements sont également prévus pour moderniser le centre de lancement de Cap Canaveral (Kennedy Space Center) et réduire les coûts de lancement.
La place croissante du secteur privé dans le transport spatial: le ‘vide’ laissé par la retraite des navettes spatiales avait déjà conduit la Nasa à encourager et soutenir le développement de lanceurs spatiaux par des entreprises privées. Le virage est encore accentué, la Nasa sollicitant les industriels pour le transport des astronautes en orbite basse, en espérant qu’un nouveau système puisse être disponible vers 2016. Cependant Charles Bolden a précisé que les normes de sécurité des véhicules seraient garanties par la Nasa. Charge à l’agence de trouver de nouveaux matériaux, moteurs, carburants, etc.. pour concevoir un nouveau gros lanceur cargo pouvant aller plus loin pour moins cher.
Exploration du système solaire: trois milliards de dollars sur cinq ans seront consacrés à la mise au point de missions précurseurs robotisées vers la Lune, Mars et ses lunes, des astéroïdes proches, afin de préparer de futures missions humaines. La Nasa doit aussi développer de nouvelles technologies de rendez-vous automatisé en orbite, notamment pour faire le plein de carburant (7,8 milliards sur 5 ans).
Observation de la Terre: une rallonge de deux milliards de dollars sur quatre ans est allouée aux programmes d’études de la Terre, l’une des priorités étant l’étude du climat. Ainsi l’observatoire du carbone (Orbiting Carbon Observatory), détruit en 2009 lors de son lancement, sera remplacé.
Astronomie et astrophysique: pas d’annonce fracassante dans ces domaines. De grandes missions comme le James Webb Telescope, qui doit succéder à Hubble, sont maintenues. Le budget est à la hausse pour l’identification des géocroiseurs (NEO). Dans ce domaine, comme dans celui de l’exploration, les partenariats internationaux sont encouragés.
«Ce nouveau chemin représente un grand changement» a déclaré hier Charles Bolden. «Ce changement sera difficile et exigera que nous travaillerons tous ensemble – le Congrès et l’administration, l’industrie et la recherche publique, les partenaires internationaux traditionnels et les nouveaux».
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/espace/20100202.OBS5609/les_nouvelles_orientations_de_la_nasa.html