Salut
C'est l'éclairage nocturne qui serait à l'origine de la mortalité des passereaux à Lacanau.
L'énigme des rouges-gorges retrouvés morts sur le front de mer de la station balnéaire canaulaise est levée. En milieu de semaine dernière, des riverains s'étaient émus de cette mortalité soudaine. Sur le boulevard de la Plage, entre mardi et mercredi, les commerçants avaient ramassé plus d'une cinquantaine de passereaux. Quelques carcasses ont même été autopsiées par la Direction des services vétérinaires de la Gironde. En cas de retour de la grippe aviaire… On ne sait jamais. Veille sanitaire oblige ! Mais rien de tout cela. Les analyses sont bien négatives.
L'épandage pas en cause
L'opération d'épandage réalisée la veille sur la zone domaniale - un traitement pour neutraliser les nids des chenilles processionnaires du pin - n'a pas non plus échappé aux soupçons. « Peu probable », ont rétorqué d'une même voix les services de l'Office national des forêts (ONF) et la Ligue de protections des oiseaux (LPO). L'insecticide biologique utilisé, le Foray 96 B à base de bacille de Thuringe, serait inoffensif pour les oiseaux. « Même à très forte dose », a expliqué le pilote de l'hélicoptère chargé du chantier.
Mais alors… Était-ce l'œuvre d'un tueur de rouges-gorges qui agirait dans le Médoc ? Non, l'explication est bien moins « sanglante », et plus « naturelle ». C'est Jésus Veiga, maire de la petite commune forestière du Porge et directeur de la Fédération de chasse de la Gironde, qui éclaircit le mystère de sa lanterne…
« Ça me paraît évident, lance le chasseur. Nous sommes dans un couloir migratoire assez animé. Il s'agit de cas de collisions. La station balnéaire canaulaise est bien éclairée la nuit. Les petits migrateurs, attirés par la lumière, viennent percuter les lampadaires et les reflets dans les vitrines. Le phénomène est bien connu. »
« Ils sont éblouis »
Le chasseur explique en complément que l'horloge interne des oiseaux, qui leur permet de s'orienter grâce aux astres, peut-être déréglée par le mauvais temps, un dense brouillard. Les lumières « nocturnes » agissant alors comme des pièges. « Ils sont éblouis. Comme attirés », relaie encore Jésus Veiga.
Ce qui s'est très probablement passé à Lacanau-Océan en début de semaine dernière. L'analyse du maire du Porge colle en tout cas avec les témoignages des riverains. Les oiseaux morts ont été retrouvés le plus souvent au pied des vitrines, sur des terrasses et le long des lampadaires.
« Pollution lumineuse »
En période migratoire, ce qui est appelé « la pollution lumineuse », c'est-à-dire les éclairages artificiels de nos villes et villages, provoquent une mortalité importante chez les oiseaux migrateurs. Ce que de nombreuses études soulignent.
En ville, tout au long de l'année, la lumière artificielle « peut avoir une influence considérable sur la vie animale ». Certains oiseaux, comme la mésange bleue ou le merle noir, chanteraient plus tôt le matin que leur congénère épargné par cette forme de pollution. Des conséquences seraient aussi visibles sur la reproduction. Les scientifiques auraient constaté que, chez certaines espèces, « les mâles qui sont exposés aux lumières de la ville ont deux fois plus de chance de s'accoupler hors du couple que ceux qui sont dans les zones les plus sombres de la forêt. » De quoi faire réfléchir la femelle d'un certain bipède aux risques de l'exode rural.
http://www.sudouest.fr/2010/10/20/lumieres-fatales-216713-4723.php