Salut
L'atmosphère de la Jupiter chaude HD189733b serait elle en partie voilée par des suies ? C'est ce que propose une équipe internationale conduite par des chercheurs de l'Observatoire des Sciences de l'Univers THETA de Franche-Comté (UTINAM, INSU-CNRS, Université de Franche Comté) afin d'expliquer la mesure de l'appauvrissement en carbone de cette exoplanète par rapport à son étoile parente. Ce résultat sera publié dans Astrophysical Journal.
Les scénarios de formation des planètes géantes sont centrés autour de deux paradigmes : formation par instabilité du disque circumstellaire selon le mode de formation des étoiles et formation par instabilité nucléée où le gaz de l'enveloppe s'accrète autour d'un noyau constitué de rocs et de glaces. Ces deux scénarios favorisent l'émergence de planètes dont les métallicités sont supérieures à celles de leurs étoiles parentes. C'est ce que démontrent depuis plusieurs décennies les déterminations d'abondances en éléments volatils dans les planètes géantes du système solaire. Pour l'instant aucun consensus n'a été atteint au sujet des mesures des abondances du carbone et de l'oxygène (détectés sous formes de méthane, de monoxyde et de dioxyde de carbone) dans HD189733b. Plusieurs études indépendantes ont récemment suggéré la possibilité que cette planète -ainsi que d'autres Jupiter chaudes- possèdent des métallicités inférieures à celles de leurs étoiles parentes. Ces mesures, si elles sont avérées, suscitent la question de savoir comment une planète possédant les caractéristiques de Jupiter en termes de masse et de taille a pu se forger une telle métallicité au cours de sa formation.
Dans cette étude, les chercheurs ont tout d'abord élaboré un modèle décrivant la composition des planétésimaux accrétés par HD189733b pendant sa formation dans le disque circumstellaire. Connaissant la quantité minimale et la composition des éléments lourds présents dans la planète, ces chercheurs ont ensuite déterminé la métallicité résultante de HD189733b. Ils ont montré qu'elle devrait être enrichie par rapport à celle de l'étoile parente, de manière analogue à Jupiter, et non pas appauvrie comme les mesures le suggèrent. En même temps, des modèles photochimiques récents proposent qu'une fraction substantielle du carbone pourrait exister sous formes d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et de suies, quasiment indétectables, dans les parties supérieures de l'enveloppe de HD189733b. En considérant cette hypothèse, les chercheurs ont montré que le rajout d'une fraction plausible de carbone sous forme de HAP et de suies dans l'enveloppe de HD189733b augmenterait significativement sa métallicité. Elle deviendrait supérieure à celle de son étoile parente et serait cohérente avec la structure interne de la planète et les modèles de formation existants.
Une mesure diagnostique qui permettrait de vérifier l'hypothèse de l'existence de HAP et de suies dans HD189733b serait la détection de précurseurs chimiques tels que l'acétylène.
http://www.insu.cnrs.fr/co/univers/les-exoplanetes/des-suies-a-l-origine-de-l-appauvrissement-en-carbone-d-une-exoplanete