Énergie : le gouffre Internet ?

Salut

À l’occasion du salon CeBIt de Hanovre consacré aux nouvelles technologies, du 4 au 9 mars 2008, diverses études ont été médiatisées, montrant à quel point l’usage d’Internet était énergivore.

Ainsi, un personnage (avatar) évoluant sur le désormais célèbre site Internet Second Life, consommerait en une année autant d’énergie qu’un habitant du Brésil. De même, télécharger sur son ordinateur la version électronique d’un quotidien de presse requerrait la même consommation électrique que faire une lessive avec un lave-linge, selon l’institut de recherche IZT (Berlin). Et une recherche sur Google consommerait autant, selon Strato (entreprise allemande de services informatiques), qu’une heure de lumière dispensée par une ampoule à économie d’énergie. À ce rythme-là, dans moins de 25 ans, Internet pourrait consommer à lui seul autant d’énergie que l’humanité entière aujourd’hui, estime un chercheur de l’université de Dresde, Gerhard Fettweis.

Un bémol cependant : il faudrait tenir compte des économies d’énergie indirectes, notamment celles induites par le non-transport des télétravailleurs sur un lieu de travail, par le non-frêt postal des courriers acheminés virtuellement, etc. À cet égard, plusieurs rapports récents relativisent le côté énergivore d’Internet, soulignant que la manière de mesurer est souvent incomplète et ne prend pas en compte ces économies dans le bilan énergétique(1).

Ceci étant, la forte consommation énergétique d’Internet constitue un réel problème, dont la cause principale tient au niveau croissant de consommation électrique des centres de données (data centers) qui permettent le fonctionnement des sites Internet et services connexes (téléchargements, télévision à la demande, téléphonie par Internet, etc.). Ces gigantesques centres alignent sur des milliers de mètres carrés des câbles et ordinateurs aux capacités de calcul phénoménales, stockant et transmettant en continu les données des internautes du monde entier.

Selon une étude de l’université de Stanford, réalisée à partir de chiffres d’IDC pour le compte du fabricant de processeurs AMD, l’énergie requise par ces serveurs équivaut chaque année, à l’échelle mondiale, à la production de 14 centrales électriques d’une capacité de 1 000 MW. En cinq ans, de 2000 à 2005, la consommation électrique des principaux centres de données a doublé, tout comme le nombre de serveurs (27 millions), pour atteindre 45 milliards de kWh, soit un coût annuel de 2,7 milliards de dollars US pour les seuls États-Unis, et de 7,2 milliards de dollars US pour l’ensemble de la planète.

Selon IZT, nous sommes à un carrefour : soit un effort est fait pour réduire la consommation de ces data centers (une baisse de moitié est envisageable), soit on continue sur cette lancée et la consommation augmente encore de 50 % d’ici 2010(2). Or, des marges existent pour réduire cette consommation.

Par exemple, IBM travaille actuellement à la mise au point d’un circuit de refroidissement pour éviter les importantes déperditions de chaleur de ces supercalculateurs et réfléchit au moyen de récupérer cette chaleur pour l’utiliser en chauffage. D’autres travaillent sur la « virtualisation » qui consisterait, grâce à des logiciels perfectionnés, à faire fonctionner sur une seule machine plusieurs systèmes d’exploitation ou applications (comme si plusieurs ordinateurs tournaient en même temps) ; on pourrait ainsi faire passer le taux d’utilisation des serveurs de 20 % en moyenne aujourd’hui à près de 90 %, et donc réduire le nombre de machines nécessaires pour stocker ou traiter les données.

En somme, trois types de pistes existent pour réduire la consommation énergétique en ce domaine : choisir des serveurs plus économes (ordinateurs dissipant moins de chaleur grâce à des progrès techniques sur les processeurs, meilleure efficacité des alimentations, etc.), optimiser l’utilisation des équipements (serveurs configurés en mode « économie d’énergie », virtualisation) ou revoir les infrastructures (prise en compte des coûts énergétiques dans les budgets informatiques, mutualisation des installations, travail sur les flux d’air pour améliorer les systèmes de climatisation et refroidissement, installation dans des régions froides). Reste à stimuler les investissements et à sensibiliser les utilisateurs.

http://fr.novopress.info/11409/energie-le-gouffre-internet/