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D'après le rapport de la Cour des comptes sur les coûts de la filière nucléaire française, la production du mégawattheure va augmenter d'au moins 10% à court ou moyen terme.
Le coût de production de l’électricité nucléaire augmentera d’environ 10% à court ou moyen terme à cause des investissements très importants qui devront être faits dans les centrales nucléaires, conclut le rapport de la Cour des comptes remis aujourd’hui sur les coûts de la filière nucléaire en France.
En effet, le rythme actuel d’investissement dans la maintenance devra être doublé dans les 10 à 20 ans qui viennent, estime la Cour des comptes, afin de faire face au prolongement de la durée de vie des centrales et aux demandes d’améliorations de la sécurité formulées par l’Autorité de sûreté nucléaire suite à l’accident de la centrale de Fukushima-Daiichi au Japon.
D’après l’analyse de la Cour des comptes, ce sont surtout ces investissements liés à la maintenance et à la sûreté qui pèsent sur le coût de production du mégawattheure. Plus que les coûts imputables au démantèlement futur des centrales nucléaires -chiffrés à 18,4 milliards d’euros pour les 58 réacteurs- et à la gestion à long terme des déchets nucléaires -28,4 milliards d’euros.
Le rapport souligne cependant que ces charges futures sont très incertaines et que leur montant est sûrement appelé à augmenter. Le projet d’enfouissement des déchets à vie longue est en cours d’étude et son chiffrage n’est pas arrêté. Quant à l’évaluation du coût du démantèlement, la Cour demande la mise en place d’un audit externe pour valider le modèle développé par EDF.
La Cour des comptes s’est vue accorder huit mois par le premier ministre pour fournir ce rapport d’expertise sur les coûts de la filière nucléaire en France. Il se concentre sur le coût de production de l’électricité, qui pèse pour environ 40% du prix payé in fine par le consommateur. La Cour a créé un comité d’experts et a entendu tous les acteurs de la filière, ainsi que des responsables syndicaux et des ONG pour établir ce rapport.
Le coût moyen du mégawattheure produit par la filière électronucléaire est aujourd’hui estimé à 49,5 euros (d’après les données de 2010). L’une des principales conclusions de la Cour des comptes est que la durée de vie des centrales est un élément clef de l’évolution de ce coût : elle permet « d’amortir les investissements sur un plus grand nombre d’années » et de «repousser dans le temps les dépenses de démantèlement et le besoin d’investissement dans de nouvelles installations de production».
Fin 2022, sur les 58 réacteurs en exploitation 22 atteindront leur 40ème année de fonctionnement. La décision de prolonger les réacteurs est prise au cas par cas après avis de l’ASN. Cependant, la Cour constate que la France n’a pas les moyens de renouveler son parc, qui nécessiterait la construction de 11 EPR d’ici 2022.
« Cela signifie qu’à travers l’absence de décision d’investissement, une décision implicite a été prise qui engage déjà la France : soit à faire durer ses centrales au-delà de 40 ans, soit à faire évoluer significativement et rapidement le mix énergétique vers d’autres sources d’énergie, ce qui suppose des investissements complémentaires » écrit la Cour des comptes. Elle appelle de ses vœux un débat sur les futurs choix stratégiques afin qu’ils soient adoptés « en toute transparence ».
http://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/20120131.OBS0263/electricite-nucleaire-hausse-future-de-10-du-cout-de-production.html