Variations du niveau de la mer

Salut

L'étude préliminaire des sédiments prélevés par forage lors de la campagne océanographique « New Jersey Shallow Shelf » du programme IODP* (30 avril-17juillet 2009), s'est déroulée dans les laboratoires de la carothèque d'IODP à l'Université de Brême (Allemagne) du 6 novembre au 5 décembre 2009. Elle a rassemblé 25 scientifiques de 11 pays autour Gregory Mountain (Rutgers University, New Jersey, USA) et Jean-Noël Proust (Géosciences Rennes, INSU-CNRS/Univ. Rennes 1), co-chefs de mission.
Une dizaine de cycles de montée et baisse du niveau de la mer a été identifiée entre 14 et 35 millions d'années, à l'orée de notre période froide, et un niveau d'eau douce particulièrement inattendu a été repéré à 400 mètres de profondeur. Ces données sont particulièrement importantes pour comprendre la réponse du système Terre à des variations climatiques proches de celles que nous connaissons aujourd'hui.


La campagne de forages s'est déroulée au large des côtes est-américaines du New-Jersey avec comme objectif d'analyser les variations passées du niveau des mers enregistrées par les sédiments côtiers. Au total, environ 1,3 km de carottes ont été prélevés en différents sites situés entre 45 et 60 kilomètres des côtes. Le forage le plus long a atteint 756 m. Ces prélèvements fournissent un enregistrement continu, exceptionnel, des variations des environnements du passé qui seront analysés en détails au cours des prochains mois.

Ces carottes sédimentaires vont permettre
- d'une part de déterminer l'amplitude, l'âge et la fréquence des variations globales du niveau des mers à un moment d'évolution importante de la calotte de glace Antarctique,
- et d'autre part de mesurer l'impact des variations du niveau de la mer sur la position des littoraux, les transferts de nutriments et de sédiments entre la terre et la mer. L'équipe scientifique a, d'ores et déjà, pu repérer plusieurs niveaux de silts argileux du large, de sables littoraux (plages) et de sols continentaux signifiant des changements du niveau de l'océan pouvant atteindre 100 mètres. Une dizaine de cycles ont ainsi été identifiés entre 14 et 35 millions d'années, ils ont été accompagnés d'importantes phases d'avancée du trait de côte vers la mer, ou de retrait vers le continent.

Une surprise est venue de la présence de nappes d'eau douce, observées dans tous les sites jusqu'à une profondeur de 400 mètres sous le fond de la mer. Cette eau douce remplit les micro-espaces laissés entre des particules sédimentaires, et fait particulièrement surprenant, sa présence est notée sur plus d'une centaine de mètres d'épaisseur. Les responsables du projet pensent que cette eau douce, actuellement à plus de 50 km des côtes, date de plus de 12 000 ans, lorsqu'au cours du dernier âge glaciaire le niveau de la mer était périodiquement beaucoup plus bas et que la côte était donc occasionnellement plus au large que les sites forés.

Les sédiments côtiers du New-Jersey sont particulièrement bien adaptés à une étude paléoclimatique et paléoenvironnementale. Deux rivières majeures ont déposé de grandes quantités de sédiments dans l'océan Atlantique, ce processus fournissant de archives détaillées des variations globales du niveau marin ayant marqué l'histoire de la Terre. Cette région est tectoniquement stable, ce qui garantit que les variations observées sont bien dues aux variations du niveau de la mer. Les sédiments sont très fossilifères (microplancton, pollen, mollusques...) permettant d'appuyer les interprétations paléoenvironnementales et de préciser l'âge des sédiments. Enfin, la position des sites de forages, au milieu du plateau continental offre la certitude d'enregistrer les deux extrêmes de chaque cycle (les niveaux les plus hauts et les plus bas).

Au cours de cette seconde phase du projet, environ 14 000 échantillons ont été prélevés. Ils seront analysés lors des prochains mois dans les laboratoires des différentes équipes participant à la campagne.

source http://www.insu.cnrs.fr/a3315,variations-niveau-mer-cas-ecole-marge-new-jersey.html