Salut
Qu'est-ce qui pèse autant que 240 milliards d’éléphants et qui n’est pas visible à l’œil nu? La réponse est dans les océans...
Pour chaque habitant de la Terre, il y a dans les océans une quantité de microbes équivalent le poids de 35 éléphants, ont calculé des chercheurs participant au plus vaste inventaire de la vie marine en cours, le Census of Marine Life (CoML). Ce projet impliquant plus de 2.000 scientifiques issus d’environ 80 pays, vient de fournir une nouvelle estimation de la vie microscopique des océans. 50 à 90% de la biomasse des océans est invisible: elle est constituée de microbes, zooplanctons, larves, petits organismes pluricellulaires peuplant l’eau et les sédiments, précise le communiqué du CoML.
Pour cet inventaire de l’invisible, les chercheurs ont eu recours à des techniques moléculaires récentes. Le séquençage leur permet de repérer des marqueurs génétiques même présents en très petites quantités dans un échantillon. C’est ainsi qu’ils peuvent repérer le nombre d’organismes différents dans un prélèvement d’eau de mer ou de sédiments marins.
Ainsi, après une collecte menée dans 1.200 sites à travers la planète, les différentes équipes ont obtenu un catalogue de 18 millions de séquences ADN de cellules microbiennes.
Règle de l'alternance
Dans les années 50 on estimait que dans un litre d’eau de mer il y avait 100.000 cellules microbiennes. Aujourd’hui l’estimation du CoML est de un milliard de microorganismes par litre d’eau ou par gramme de sédiments marins. Le nombre total d’espèces, incluant bactéries et archae, serait proche du milliard.
Même des sédiments prélevés à plus de 1.600 mètres sous le fond de la mer, au large de Terre-Neuve, soit 4.560 mètres sous le niveau de la mer, regorgeaient de microbes.
Les chercheurs soulignent que la diversité est très grande mais que certains microbes sont rares. Il est probable que la répartition évolue en fonction des conditions et que les plus rares attendent leur tour pour devenir majoritaire.. il y aurait une sorte d’alternance.
Autre découverte étonnante rapportée par le CoML: des tapis microbiens dans des couches pauvres ou dépourvue d’oxygène (mais riche en sulfure d’hydrogène), couvrant des territoires de la taille de la Grèce, au large des côtes du Chili et du Pérou. Les chercheurs supposent qu’il en existe ailleurs.
Deux fois plus d’espèces de zooplancton
Du côté du zooplancton, lorsque le recensement du a commencé en 2004, environ 7.000 espèces de plancton avaient été décrites (sans compter les espèces qui ne sont planctoniques qu’au stade des larves). Aujourd’hui le nombre d’espèces connues atteint presque les 15.000.
Un autre programme du Census of Marine Life s’intéresse aux organismes pluricellulaires microscopiques des abysses, comme les vers, très nombreux, les loricifères ou les copépodes (de très petits crustacés). Là encore la diversité est étonnante. L’inventaire de la vie des profondeurs ne fait que commencer, estiment les chercheurs du CoML. Les océans couvrent 70% de la surface de la Terre, les sédiments marins plus de 60%... et plus on s’enfonce dans les profondeurs, plus on est en terra incognita.
Le Census of Marine Life, commencé en 2000, doit présenter ses rapports définitifs en octobre, à Londres.
http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/nature-environnement/20100419.OBS2693/l-incroyable-et-invisible-diversite-des-oceans.html