Salut
Des chercheurs ont identifié 150 marqueurs génétiques liés à la longévité exceptionnelle des centenaires. A terme, cela pourrait nous aider à mieux vieillir.
Pourquoi certaines personnes vivent jusqu’à 100 ans et même au-delà, jusqu’à 122 ans comme Jeanne Calment ? La longévité est bien sûr liée au mode de vie, à l’environnement. Cependant, passé un certain cap, au-delà de 85 ans, la génétique semble jouer un rôle prépondérant.
C’est cette ‘super longévité’ que l’équipe du Pr Thomas Perls, de l’École de médecine de l’université de Boston (E-U), a exploré. Ces chercheurs ont identifié 150 variants génétiques permettant de prédire -avec 77% de réussite- qu’une personne va vivre au moins 100 ans. (1) Leur étude est publiée aujourd’hui dans la revue Science.
150 marqueurs dispersés sur le génome
Les chercheurs ont travaillé avec une cohorte de 1055 centenaires et «super centenaires» -des personnes âgées de plus de 110 ans- ainsi qu’avec un groupe contrôle de 1267 personnes. Perls et ses collègues ont comparé 300.000 marqueurs génétiques : il s’agit de SNP (polymorphisme pour un seul nucléotide), des variants responsables de l’essentiel des différences entre individus. Grâce à une méthode d’analyse statistique mise au point par Paola Sebastiani, les SNP propres aux personnes centenaires ont pu être cernés.
Cependant, même si ces résultats risquent de donner à des compagnies privées l’idée de vendre des tests de longévité, ils confirment d’abord qu’il est vain de chercheur un gène –ou même des gènes- de longévité. Les 150 marqueurs identifiés impliquent environ 70 gènes, répartis sur les 23 chromosomes. Il n’y a donc pas de région particulière du génome concernée par la longévité mais plutôt un ensemble de facteurs et de processus biologiques touchant tout l’organisme, comme on pouvait s’en douter.
Retarder l’apparition des maladies
La connaissance de ces facteurs biologiques pourrait permettre d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées. En effet, les centenaires vivent longtemps en bonne santé : à 93 ans 90% des centenaires ne souffrent d’aucune infirmité, rappelle Thomas Perls. Ils ne sont affectés par la maladie que très tard dans leur vie.
Etonnamment, les centenaires de la cohorte de Boston ont autant de variants génétiques liés à des maladies comme la démence ou l’hypertension que le reste de la population, rapportent les chercheurs dans la revue Science. Ce n’est donc pas l’absence de facteurs génétiques prédisposant à des maladies qui explique leur exceptionnelle longévité mais plutôt la présence d’autres variants retardant le développement des maladies.
Résultats à confirmer
Quant aux 23% de marge d’erreur qui demeurent dans le modèle présenté ici, ils peuvent être liés à d’autres marqueurs génétiques ou aux facteurs environnementaux qui entrent forcément en ligne de compte.
Pour être validés, ces résultats obtenus sur un millier de centenaires doivent être reproduits sur d’autres groupes de population. Perls a déjà entamé des travaux sur 600 centenaires japonais. En Europe, une étude portant sur plus de 2.500 frères ou sœurs âgés de plus de 90 ans est également en cours.
http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/sante/20100702.OBS6554/petite-eclaircie-sur-les-mysteres-de-la-longevite.html