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Le point de basculement après lequel l'extinction d'une espèce en voie de disparition devient inévitable peut être prédit grâce à l’analyse de la dynamique des populations de cette espèce.
La destruction des habitats ou leur dégradation sont les principales menaces qui pèsent sur les espèces en voie d'extinction dont le nombre grandit chaque année. Pourtant prédire précisément quelles sont les formes de vie vouées à disparaître demeure pratiquement impossible. Dans la revue Nature de cette semaine, des chercheurs John M. Drake de l’Odum School of Ecology de l’Université de Georgie et Blaine D. Griffen de l’université de Caroline du Sud, montrent que les subtiles fluctuations dans une population peuvent fournir des signaux d'alerte précoce de risque élevé d’extinction, plus précisément, dans le cas de dégradation de l'environnement.
Ce signal d’alerte prend la forme d’un phénomène bien connu des physiciens et des géologues : le ralentissement critique. « C'est la première démonstration expérimentale du ralentissement critique dans un système biologique » a déclaré John M. Drake. Ce terme est utilisé pour décrire la diminution du taux de recouvrement, suite à de petites perturbations, d’un système qui approche de son point critique. Cette théorie du ralentissement critique est employée pour analyser les crises d’épilepsie, les tremblements de terre ou le changement climatique.
L'expérience a consisté a surveiller l’évolution de différentes populations de puces d’eau Daphnia magnia dont certaines ont été soumises à des environnements détériorés (moins de nourriture) et d’autres à des conditions optimales stables. L'expérience a duré pour 416 jours, jusqu’à ce que les groupes privés de nourriture se soient totalement éteints. Les chercheurs ont ensuite examiné une série d'indicateurs statistiques, des signaux d'alerte précoces permettant de détecter l'apparition d’un ralentissement critique et de prévoir l'approche d'un point de basculement. Ils ont constaté que chacun des indicateurs augmentait de façon très nette environ 110 jours avant le point critique.
« Nous avons montré qu’un ralentissement critique peut se produire dans les populations - c'est tout. Le monde réel est beaucoup plus complexe » nuance John M. Drake. Ce système pourrait néanmoins être prochainement utilisé pour évaluer le potentiel de survie des espèces les plus menacées mais aussi dans d’autres domaines de la biologie.
http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/nature-environnement/20100912.OBS9724/modeliser-et-prevoir-l-extinction-d-une-espece.html