Plus d’une espèce sur quatre d’oiseaux faisant leur nid en France métropolitaine sont en danger d’extinction, selon un nouvel état des lieux. Cela confirme le gros travail qu’il reste à accomplir en France pour protéger la biodiversité.
Pie-grièche à poitrine rose, l’un des passereaux les plus menacés de France, qui ne compte plus aujourd’hui que 30 à 40 couples dans l’Hexagone, classée "En danger critique" sur la Liste rouge nationale.
Savez-vous à quoi rassemble le râle des genêts ou la pie-grièche à poitrine rose? Non? Même en partant en randonnée avec le meilleur ornithologue, même avec beaucoup d’attention et de patience, il ne sera pas facile d’observer ces oiseaux. Il ne reste plus en France que 30 à 50 couples de pies-grièches à poitrine rose, et moins de 700 couples de râles des genêts, dont la population a chuté de 50% en 10 ans.
Voilà deux espèces emblématiques de la menace qui pèse sur 73 espèces d’oiseaux nicheurs de la métropole (qui s’y reproduisent) sur les 277 recensées. Soit 26% contre 12% d’espèces d’oiseaux menacées d’extinction au niveau mondial.
C’est le bilan tiré par des équipes du Muséum d’histoire naturelle de Paris, par le comité français de l’UICN (qui édite la Liste Rouge des espèces menacées), de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). La situation de 389 espèces a été examinée en détail : 277 espèces d’oiseaux nicheurs, 60 d’oiseaux hivernants en métropole, 52 espèces de passage (voir le rapport).
Onze espèces d’oiseaux nicheurs sont classées «en danger critique d’extinction», 20 sont classées «En danger», selon les critères habituels de la Liste rouge de l’UICN. Le pingouin torda, qui en France n’est présent qu’en Bretagne, est ainsi en danger critique : de 500 couples en 1960, les effectifs ont dégringolé jusqu’à une trentaine de couples actuellement (2006).
Sont classés «vulnérables» le pic cendré ou le bouvreuil pivoine. Le premier a disparu d’Ile-de-France, se fait très rare en Bretagne et décline en Champagne-Ardennes. Le second était très commun (400.000 couples nicheurs dans les années 1990) mais sa population a baissé de 60% en 20 ans.
La réduction des habitats naturels est une cause majeure de déclin des populations d’oiseaux : assèchement des zones humides du littoral, disparition des bocages, diminution des prairies… Les oiseaux marins souffrent également de la pollution par les hydrocarbures, souligne le rapport .
L’impact du changement climatique se fait également sentir : avec la hausse des températures les aires d’hivernage des migrateurs se déplacent vers le nord, l’habitat de certains oiseaux nicheurs également.
La protection des zones humides a cependant permis d’améliorer la situation pour des espèces comme le blongios nain, la guifete moustac ou encore le bécasseau maubèche, soulignent les auteurs de cet état des lieux. Le programme de réintroduction du vautour moine dans les Grandes causses (Midi-Pyrénées) a permis le retour de l’oiseau, disparu de France depuis un siècle.
La France a fort à faire pour protéger sa biodiversité. En effet, grâce à ses territoires d’outre-mer, elle possède un capital très riche mais aussi très fragile. Un précédent état des lieux de la faune de la Réunion le montrait. Le classement de l’UICN place la France au 8ème rang des pays abritant le plus grand nombre d’espèces menacées
http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/nature-environnement/20110527.OBS4042/l-hexagone-n-est-pas-un-nid-douillet-pour-les-oiseaux.html